vendredi 12 septembre 2008

Revalorisation des retraites agricoles : engagement tenu

Le Premier ministre a annoncé le 9 septembre à Rennes en présence de Michel Barnier la création d’un minimum retraites pour les agriculteurs aux retraites les plus faibles (celles des conjoints, veuves, etc.).

1,8 millions de personnes bénéficient d’une retraite de non salarié agricole.

La majorité des anciens agriculteurs et agricultrices ont une retraite très faible.

Le Président de la République s’était engagé à réduire les « poches de pauvreté » où se trouvent certains retraités agricoles exclus des mesures successives de revalorisations des retraites, en particulier, les veuves et les conjointes d'agriculteurs. Il avait ainsi déclaré il y a un an : « Je vais changer cette situation parce qu'elle est indigne. La revalorisation des petites pensions et le maintien du pouvoir d'achat des retraités agricoles seront au cœur de la deuxième étape de la réforme des retraites en 2008.» (Salon SPACE, Rennes, le 11 septembre 2007).

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Un plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles a été initié en 1994. Le plan avait pour objectif de porter au niveau du minimum vieillesse la pension de vieillesse des agriculteurs qui ont accompli toute leur carrière en agriculture.

Si sur ce point l'objectif du plan a été atteint, beaucoup d'exploitants et d'épouses d'exploitants à carrière incomplète n'ont pas bénéficié de majoration de pension.

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1.ère mesure : la garantie d’un montant minimum de retraite
(633 € pour les agriculteurs et pour les veuves, 506 € pour les conjoints) pour les retraités à carrières complètes, et proportionnel à la durée de cotisation pour les carrières incomplètes.
Cette mesure s’adresse à tous ceux dont les pensions, tous régimes confondus, ne dépassent pas 750 €.

Elle sera réalisée en deux étapes :
- en premier lieu pour les exploitants et pour les veuves qui ont 22 ans et demi de cotisation ;
- la mesure sera ensuite étendue à tous ceux qui ont au moins 17 ans et demi de cotisations.

Cela concerne près de 233 000 personnes dont 196 000 dès 2009. Il s'agit d'abord des veuves exclues des mesures de revalorisation successives en raison des seuils d'accès très élevés (32 ans et demi de cotisations). Sur les 233 000 personnes qui en bénéficieront, 70 % sont des veuves.

2éme mesure : la réversion aux veuves de la retraite complémentaire obligatoire acquise à titre gratuit par leur conjoint.
64 000 veuves en bénéficieront.

vendredi 5 septembre 2008

Revenu de Solidarité Active

Encourager le retour à l’emploi


Le 28 août 2008, lors d’un déplacement à Laval, le Président de la République a annoncé la mise en place de Revenu de Solidarité Active (RSA) au 1er juillet 2009. Financé en partie par une taxation de 1,1% des revenus du capital, ce dispositif aura vocation à lutter contre la pauvreté et encourager le retour à l’emploi.

En France, on compte aujourd’hui quelques trois millions de travailleurs pauvres. Souvent en dessous du seuil de pauvreté, ces Français travaillent mais parce qu’à mi-temps ou à quart-temps, ne gagnent pas plus que s’ils touchaient le RMI et d’autres allocations.

Le Président de la République souhaite redonner au travail ses lettres de noblesse et faire en sorte qu’aucun Français qui travaille, gagne moins que s’il ne travaillait pas.

Les allocations existantes, (RMI, API…) permettent de ne pas rester sans ressource mais aucune incitation n’est faite pour un véritable retour dans la vie active, d’autant plus difficile si la rupture avec le monde du travail a été longue.

Le RSA est donc destiné à favoriser et à aider au retour à l’emploi les personnes en difficulté. Ce nouveau dispositif remplacera le RMI et l’Allocation parent isolé en permettant à une personne qui reprend un travail de conserver une partie de son allocation ou aux travailleurs pauvres de percevoir un complément à leur salaire.

Ainsi, le cumul entre le salaire et l’allocation a été fixée à 62%. Pour 100 euros de salaire, une personne qui touchait 100 euros de RMI avant son retour à l’emploi, pourra ajouter 38 euros à son salaire d’allocation RSA. Le travail sera donc plus rémunérateur que l’assistanat.

Le Président de la République a souhaité « une révolution complète dans la définition de nos politiques sociales », grâce à laquelle, le travail paie davantage que l’assistanat et où la reprise d’un travail ne fait pas perdre d’argent. C’est l’une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy qu’il entend bien tenir.

Après les six mois de consultations et d’enquêtes sur le terrain du Grenelle de l’Insertion, le Président de la République a annoncé que le RSA serait financé grâce à un effort de solidarité. A partir du 1er janvier 2009, une taxe concernera les revenus du capital à l’exception de tous les livrets d’épargne et des revenus obligataires. Fixée au taux de 1,1%, cette taxe permettra de financer l’intégralité des crédits supplémentaires (1,5 milliard d’euros) dus au RSA.

Plus concrètement, un Français qui dispose de 100 000 euros de patrimoine et qui réalise entre 6000 et 8000 euros de plus value par an, versera entre 60 et 80 euros pour le financement du RSA.

Ramener les exclus et les personnes pauvres vers le travail, c’est également, à terme, le moyen d’alléger les charges qui pèsent sur les salaires et qui financent l’assistanat.


Un effort minime de solidarité est demandé aux Français. Nicolas Sarkozy a rappelé que « dans un contexte où depuis plusieurs années les salaires progressent beaucoup moins vite que les revenus du capital, dans un contexte où l’on explique aux salariés de tant d’entreprises qu’il n’y a pas de quoi augmenter les salaires en bas et qu’au même moment, on augmente la distribution des actions et les dividendes en haut, il n’est pas anormal que les revenus du capital soient mis à contribution pour revaloriser le travail des plus démunis ou des exclus ».


jeudi 7 août 2008

Crise mondiale : Vive le modèle français !

« Etatiste », « corporatiste », « élitiste », « protectionniste », le modèle français a fait l’objet de nombreuses critiques. Pas toutes injustifiées au demeurant. Aussi des « bons esprits » ont-ils proposé de mettre au rancart ce modèle français, qu’ils jugeaient périmé, pour mieux faire entrer la France dans l’avenir radieux de la mondialisation. Mais la hausse des prix des matières premières, la pénurie alimentaire et la crise financière de l’année 2008 ont rebattu les cartes. Aujourd’hui le principal atout de la France dans la nouvelle donne internationale, c’est le modèle français.
Explications :

La France est particulièrement bien placée pour faire face à la hausse des prix du gaz et du pétrole.

Nucléaire et TGV : réponse à la crise énergétique

Son parc de centrales nucléaires fait de la France le pays développé, de loin le moins consommateur de pétrole (et le plus faible émetteur de gaz à effet de serre) ; la France est par ailleurs le seul pays au monde à maîtriser l’ensemble de la filière nucléaire, à la fois civile et militaire, depuis la production et l’enrichissement de l’uranium jusqu’au retraitement des matières énergétiques.

Ceci n’a été possible que par l’alliance d’une volonté politique, celle du général De Gaulle, puis de Georges Pompidou, et d’une volonté technique, celle des grands corps d’ingénieurs, notamment des mines. Le tout avec la bénédiction tacite de la CGT… Bref, tout ce qui fait l’atout énergétique et écologique de la France, c’est ce qui est critiqué dans le modèle français…

Le même schéma se retrouve en matière d’infrastructure des transports ; la France dispose en effet d’un réseau particulièrement performant de routes et d’autoroutes mais aussi de voies de chemin de fer modernes. Quelle meilleure preuve du succès du TGV que de constater qu’Air France-KLM s’apprête à affréter des trains rapides pour relier entre elles ses plateformes aéroportuaires ? Là aussi ce résultat est le produit d’une alliance des décideurs politiques et des grands corps techniques.

Dans un cadre accordant une place plus grande à l’entreprise privée, c’est bien la même logique qui a permis la construction de ces grands groupes d’environnement que sont Véolia et Suez, ces cartes maîtresses de la présence française sur la scène mondiale.

L’agriculture protégée : atout face à la crise alimentaire

Voulue par le général De Gaulle et imposée à nos partenaires européens par les gouvernements successifs, la politique agricole commune (PAC) a coûté cher ; et pour cause : elle a consisté à maintenir en France et en Europe, pays à main-d’œuvre chère, une agriculture protégée, alors que les prix des produits alimentaires ont constamment baissé durant quarante ans.

Mais le maintien du paysage rural et la sauvegarde de l’indépendance sont des biens précieux. Les contribuables des quatre dernières décennies ont ainsi réalisé un investissement dont les Français et les Européens vont commencer à tirer profit. Malgré une situation de pénurie la France et l’Europe n’ont pas eu de soucis d’approvisionnement et la hausse des prix alimentaires a été amortie. Là aussi, la PAC a été emblématique du modèle français alliant volonté politique, corporatisme (la FNSEA)… et corps d’ingénieurs.

Crise financière et crise immobilière : la France relativement épargnée

Ayant poussé sans retenue la dérégulation financière, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres pays occidentaux se trouvent plongés dans une crise financière et immobilière profonde. Cette crise risque de connaître un nouveau développement avec la chute probable de nombreux acteurs du crédit à la consommation.

Certes, les banques françaises ont commis des imprudences en achetant des titres américains peu sûrs (les « subprimes ») et leurs courtiers (« traders ») ont parfois pris des risques inconsidérés sur les marchés spéculatifs ; mais les malheurs de la Société Générale, avec l’affaire Kerviel, sont anecdotiques à côté des pertes massives des grandes banques des places de New York, Londres ou Zurich, pertes qui dépassent largement les 1.000 milliards de dollars.

La raison de la meilleure tenue de la place bancaire de Paris est simple : les corps des finances et la Banque de France (malgré ou grâce à son archaïsme) ont maintenu un contrôle minimum sur les activités de crédit, ce qui a limité les dérives les plus dangereuses, notamment vis-à-vis des particuliers. Et le conseil ECOFIN du 8 juillet 2008 a repris les propositions françaises d’encadrement des activités des agences de notation dont la responsabilité dans la crise financière mondiale est grande. Bercy va d’ailleurs utiliser la présidence française de l’Union européenne pour faire avancer ses projets de mise en place d’une régulation financière plus rigoureuse.

La vulnérabilité du modèle français

Le rappel de ces avantages comparatifs du modèle français – énergétiques, environnementaux, alimentaires, financiers – ne doit pas conduire à un excès d’optimisme.

D’abord, parce que ces points de force remontent à des décisions lointaines : sous la IVe République et le début de la Ve République pour l’essentiel. Ainsi la France tire ce qui lui reste de puissance de choix effectués il y a plus de trente ans. En revanche, il est permis de s’interroger sur le passé proche : de quels grands atouts supplémentaires les dirigeants français ont-ils doté la France depuis 1981 ?

Ensuite, parce que la « rupture » sarkozienne n’est pas sans danger. Ainsi l’éditorialiste Roger Cohen de l’ « International Herald Tribune » se félicitait-il en 2007 de la destruction de « 10 tabous français » . Roger Cohen visait notamment « le tabou américain » (l’admiration pour le modèle anglo-saxon), « le tabou agricole » (l’éloignement de la France rurale), « le tabou de l’OTAN » (l’alignement sur Washington) et « le tabou de l’élitisme » (la méfiance du chef de l’Etat vis-à-vis des grandes écoles et son gouvernement de ministres sous-diplômés, à la « culture allégée »).

Il est toutefois permis de penser que le goût du média et de l’immédiat du nouvel exécutif aura du mal à malmener durablement et fondamentalement le modèle français : son origine politique remonte à l’Ancien Régime (de Philippe le Bel à Richelieu) et les grandes écoles et les grands corps qui structurent l’Etat et la nation sont souvent bicentenaires.

Or en histoire c’est le temps long qui compte le plus !

© Polémia
11/07/08

samedi 12 juillet 2008

Le capitalisme doit être moral

19 millions d’euros en espèces ont été retirés entre 2000 et 2007 des caisses de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) sous l’autorité de Denis Gautier-Sauvagnac, lorsqu’il était président de cette organisation patronale. Personne ne sait aujourd’hui qui sont les bénéficiaires de ces « largesses ». Il est temps que ce soit clair : laissons la justice faire son travail en espérant enfin la vérité et la transparence.Denis Gautier-Sauvagnac, qui a été mis en examen pour cette affaire, vient de reconnaître avoir négocié une indemnité de départ de 1,5 millions d’euros (moins les charges sociales et les impôts, il lui en reste environ 720 000 euros) ainsi que la prise en charge par l’UIMM des conséquences fiscales de cette affaire. L’opinion est choquée, à juste titre, par l’énormité des sommes allouées à titre d’indemnité à un salarié déjà extrêmement bien rémunéré et dont on peut penser qu’il aurait pu, dignement, démissionner spontanément après la révélation de ces retraits d’espèces plus qu’étonnants.


Prenant très clairement ses distances avec l’UIMM, « adhérent et non pas filiale » du MEDEF, Laurence Parisot, présidente du MEDEF, a dénoncé « un comportement méprisant et méprisable » et a demandé à tous les membres de l’UIMM « qui exercent des mandats nationaux dans des institutions au nom du MEDEF de remettre immédiatement leur mandat à disposition du MEDEF ».

Une fois de plus, la suspicion est jetée sur la morale de l’entrepreneur. Je comprends la colère de Laurence Parisot qui voit l’opinion publique rejeter sans distinction des pratiques immorales et le profit légitime, sans lequel aucune entreprise ne peut créer, progresser, employer et distribuer des bénéfices.

Nous souffrons trop en France de deux maux : le premier tient à une méfiance hypocrite à l’égard de l’argent, le deuxième à une très vieille tradition qui donne un grand prestige au service de l’Etat et un long mépris à l’égard du commerce. Le tout aboutit à ce que nous manquons d’entrepreneurs (on ne cesse de pleurer sur la faiblesse de nos PME, mais on critique abondamment les réussites de celles qui émergent), que même nos grandes entreprises sont dirigées par des hauts fonctionnaires, et que nos concitoyens souhaitent en majorité que leurs enfants entrent dans la fonction publique… Qui va créer les richesses de demain ?

Laurence Parisot n’appartient pas à ce sérail. Elle est issue d’une famille d’entrepreneurs, elle a elle-même dirigé des PME privées. Elle veut valoriser dans l’opinion le travail et la créativité, et elle représente une vraie chance pour le MEDEF de sortir enfin de cette image de grands patrons, et pour les entreprises françaises de changer leur image et d’apparaître enfin comme les créateurs de la richesse nationale.

La libre entreprise est le meilleur moyen de développer la prospérité qui profite à tous. Mais elle ne peut s’épanouir que dans un climat de confiance et d’honnêteté dont la loi est le garant. Les pratiques de l’IUMM sont un obstacle à la croissance française. Il faut les supprimer totalement.

Patrick Devedjian,
Secrétaire général de l'UMP,

vendredi 4 juillet 2008

Reforme Hospitalière

"Les hôpitaux devraient accumuler près de 1 milliard d'euros de déficit en 2008"

"En dépit de parts de marché qui se tiennent mieux que prévu face à la concurrence des cliniques, la plupart des établissements hospitaliers ont voté des budgets 2008 en déficit et commencent à supprimer des emplois", constatent Les Echos. Selon un nouveau bilan établi hier par la Fédération Hospitalière de France (FHF), les établissements publics cumulaient ainsi 730 millions d'euros de déficit net fin 2007. "On sera entre 800 et 1 milliard d'euros de déficit fin 2008", prévient Yves Gaubert, délégué général adjoint de la FHF, ajoutant que "le problème, c'est que cette fois, les établissements n'ont plus de réserves". Alors que pour 2009, la FHF évalue à "4,15%" la hausse nécessaire des crédits pour les hôpitaux (et ce sans mesure nouvelle sur les dépenses), Roselyne Bachelot rétorque que les déficits ne sont pas inéluctables puisque, avec les mêmes règles tarifaires, certains établissements commencent aujourd'hui à dégager des excédents. Le quotidien relève toutefois que les "principaux établissements peinent à sortir du rouge". Interrogé par Le Quotidien du Médecin, Paul Castel, président de la Conférence nationale des directeurs généraux de CHU, la situation financière des hôpitaux est devenu aujourd'hui si mauvaise que la réforme doit aller désormais "très vite". Par ailleurs, selon un sondage Ipsos, seule une courte majorité de maires se dit opposée à la réforme de l'hôpital mais les principales mesures, à l'instar de la création de "communautés hospitalières" suscitent une large adhésion.